Ces dernières années, l’Italie a su attirer un nombre croissant de citoyens français en quête d’un nouveau départ.
D’un côté, il y a ceux qui regardent vers la péninsule pour son climat, son patrimoine culturel ou sa qualité de vie; de l’autre, une motivation plus concrète se répand: la fiscalité avantageuse pour ceux qui transfèrent leur résidence en Italie.
Parmi les dispositifs les plus intéressants figure le Régime des impatriés, conçu pour réduire de manière significative l’imposition sur les revenus du travail.
Monsieur P., citoyen français, décide de s’installer en Italie pour des raisons professionnelles et, au lieu de payer des impôts sur la totalité de ses revenus, comme cela se fait en France, il bénéficie d’un “abattement fiscal automatique”.
Il ne s’agit pas d’une simple déduction, mais d’une réduction nette de l’assiette imposable, qui divise par deux le montant soumis à l’IRPEF, l’impôt sur le revenu des personnes physiques en Italie. C’est là le principe central du Régime des impatriés, introduit en 2015 (article 16 du décret législatif 147/2015) et modifié en 2024 par le décret législatif 209/2023.
En pratique, l’administration fiscale italienne considère le contribuable comme une ressource à attirer. Si la personne est un professionnel venant de l’étranger ou de retour en Italie, elle est “récompensée” par une imposition allégée pendant 5 ans, sans distinction de métier: ingénieur, freelance, chef, designer, tous bénéficient du même avantage.
L’impôt est dû uniquement sur 50% du revenu du travail.
Si le contribuable a un enfant mineur pendant cette période de cinq ans, l’État italien prévoit un avantage supplémentaire: l’assiette imposable descend à 40%, soutenant ainsi concrètement les familles qui choisissent de s’installer en Italie.
Ce régime prévoit toutefois un plafond: l’avantage s’applique jusqu’à un revenu annuel de 600.000 euro. Au-delà, la part excédentaire est soumise à l’imposition normale.
Prenons un exemple concret.
Monsieur P., citoyen français, perçoit un revenu de 60.000 euro bruts. En s’installant en Italie et en activant le Régime des impatriés, il sera imposé uniquement sur 30.000 euro. Le taux effectif d’imposition se situera entre 22% et 24%, selon les déductions et charges familiales. En France, à revenu égal, l’imposition serait comprise entre 40% et 45%.
“Est-ce que j’y ai droit moi aussi?”, c’est sans doute l’une des questions les plus fréquentes.
La bonne nouvelle est que les critères d’accès au Régime des impatriés ne sont ni rigides ni réservés à une élite. Il suffit de respecter quatre conditions essentielles.
Pour pouvoir bénéficier du régime, Monsieur P. doit avoir passé au moins trois ans à l’étranger. Autrement dit, il ne doit pas avoir eu sa résidence fiscale en Italie durant les trois périodes d’imposition précédant son retour.
S’il revient en Italie pour poursuivre une collaboration avec le même groupe d’entreprises pour lequel il travaillait à l’étranger, cette période s’étend à six ans.
Avoir une simple adresse en Italie ne suffit pas. Le régime exige un transfert réel et substantiel:
Cela ne veut pas dire que Monsieur P. ne pourra plus retourner en France. Il pourra le faire, à condition que le cœur de sa vie (familiale, professionnelle, administrative) soit bien en Italie.
Le bénéfice fiscal s’applique à toute personne qui produit un revenu d’activité exercée en Italie:
Ce qui compte, ce n’est pas le métier, mais le fait que l’activité soit exercée en Italie, même en mode hybride ou à distance.
L’administration fiscale demande un engagement minimum de deux ans.
Si Monsieur P. quitte l’Italie avant ce délai, l’avantage fiscal est annulé rétroactivement et il devra rembourser les impôts économisés, avec intérêts.
Le Régime des impatriés est un outil inclusif, flexible et concret, adapté à de nombreux profils professionnels, quel que soit l’âge ou le niveau de revenu.
Ce n’est pas un privilège pour quelques-uns, mais une réelle opportunité pour beaucoup.
Les nouvelles règles n'ont pas pour objectif de pénaliser ceux qui choisissent de s’installer en Italie aujourd’hui, mais plutôt de rendre l’ensemble du système plus clair, plus cohérent et plus durable dans le temps.
L’ancien régime, en vigueur jusqu’au 31 décembre 2023, prévoyait les conditions suivantes:
Avec l’entrée en vigueur du décret législatif 209/2023, la situation a changé.
Le législateur a souhaité rationaliser et uniformiser le dispositif, en supprimant les exceptions et les bonus supplémentaires, et en introduisant des règles plus simples à appliquer et à contrôler.
Voici les conditions applicables à ceux qui s’installent en 2025:
En France, entre l’impôt sur le revenu, la CSG et la CRDS, la pression fiscale effective peut facilement dépasser 45 %, surtout pour les revenus moyens et élevés.
Avec le Régime des impatriés, l’imposition effective chute entre 20% et 25%, selon la situation personnelle, ce qui représente une économie de plus de 15.000 euro par an dans de nombreux cas.
Comprendre le fonctionnement du Régime des impatriés est essentiel, mais savoir quoi faire concrètement, étape par étape, l’est encore plus.
Voici les 5 actions fondamentales à entreprendre pour bénéficier correctement de l’avantage fiscal:
Monsieur P. a-t-il été résident fiscal en Italie au cours des trois années précédant son transfert?
Si la réponse est non, il satisfait au critère de base.
Pour prouver cette condition, une autodéclaration est requise, accompagnée, si nécessaire, de documents justificatifs comme une facture d’électricité à son nom en France, un contrat de location, ou une inscription à l’AIRE (registre des Italiens résidant à l’étranger, en cas de double nationalité).
Il est impératif de générer un revenu de travail en Italie, comme précisé précédemment.
Même ceux qui travaillent à distance pour une entreprise étrangère peuvent en bénéficier, à condition que la résidence fiscale soit italienne et que l’activité soit principalement exercée sur le territoire italien.
Une fois l’activité lancée, il faut formellement notifier l’adhésion au Régime des impatriés.
C’est une démarche simple mais indispensable.
Sans communication écrite, les avantages du régime ne seront pas appliqués.
Dans les 20 jours suivant son arrivée, Monsieur P. devra s’inscrire à l’état civil (anagrafe) de la commune italienne choisie, afin d’officialiser le transfert.
Les documents nécessaires sont:
Comme expliqué précédemment, il n’y a pas de restrictions en matière de déplacements ou de voyages. Toutefois, la résidence ne doit pas être modifiée.
Il faut vivre en Italie plus de la moitié de l’année, afin de conserver la résidence fiscale et donc le droit au régime.
Quelle est la ville idéale? Il n’y a pas de réponse unique, car chaque ville italienne possède une âme propre, un rythme de vie différent, des caractéristiques uniques qui en font sa richesse. Voici un panorama de cinq villes attractives pour qui souhaite s’installer en Italie.
C’est l’une des villes italiennes les plus faciles d’accès depuis la France, grâce au TGV direct depuis Paris et à des infrastructures modernes et bien connectées. Ville de la Mole Antonelliana, Turin est un pôle technologique et automobile en pleine évolution. Les loyers y restent abordables, et son élégance discrète s’exprime dans ses cafés historiques et ses palais baroques.
Turin est idéale pour ceux qui recherchent un mode de vie urbain paisible, sans renoncer à des services de qualité qui rendent les hivers froids et brumeux plus supportables.
Ville universitaire, culturelle et gastronomique, Bologne allie dynamisme et convivialité. Son centre historique est célèbre pour ses arcades classées à l’UNESCO, ses services publics de qualité, son aéroport bien desservi et des loyers dans la moyenne.
Surnommée La Dotta (la savante), elle abrite l’une des plus anciennes universités d’Europe.
Elle convient à ceux qui apprécient un mode de vie dynamique mais organisé, avec des opportunités professionnelles variées et un tissu social ouvert et international. Grâce à ses tours médiévales emblématiques (Asinelli et Garisenda), on s’y déplace aisément à vélo ou en transports publics efficaces.
La ville éternelle est la capitale politique et culturelle de l’Italie. Elle offre d’importantes opportunités professionnelles, notamment dans les institutions internationales, les ONG, le tourisme, la culture et la communication.
Son climat doux, son environnement cosmopolite et son immense patrimoine historique et artistique en font une ville fascinante, malgré des loyers élevés et quelques lenteurs bureaucratiques. Rome est parfaite pour qui veut vivre au cœur d’une métropole vibrante et connectée au monde.
La ville de Naples séduit par son énergie contagieuse, la chaleur de ses habitants, la richesse de son patrimoine artistique et son coût de la vie modéré. Les loyers restent bas, même dans le centre historique, et la liaison à grande vitesse avec Rome rend les déplacements pratiques et rapides.
C’est une destination idéale pour ceux qui souhaitent vivre face à la mer, dans un cadre authentique et coloré, et peut-être lancer un projet dans le tourisme, la restauration ou l’économie numérique.
Capitale économique et culturelle des Pouilles, Bari est une ville en pleine expansion, avec un écosystème dynamique de start-up et métiers du digital. Elle est directement reliée à Paris et Lyon, dispose d’un centre historique vivant, de plages magnifiques et de loyers raisonnables.
Elle est idéale pour ceux qui veulent allier travail et qualité de vie, dans une ville à la fois moderne et profondément enracinée dans ses traditions.
Selon des analyses de conseillers en gestion de patrimoine, le coût de la vie dans ces villes est en moyenne 20 à 30% inférieur à celui de Paris, notamment pour le logement, la restauration et les services du quotidien.
À revenu égal, cela signifie un pouvoir d’achat supérieur et une meilleure qualité de vie pour ceux qui choisissent de s’installer en Italie.
Pour illustrer concrètement les avantages d’un transfert de résidence en Italie, voici une étude de cas réelle.
Élodie et Marc (noms fictifs) ont décidé de s’installer en Italie en 2025, avec leurs deux enfants âgés de 7 et 11 ans.
Marc travaille depuis plusieurs années dans le secteur informatique pour une entreprise française et, grâce au télétravail, il peut conserver son poste à distance tout en vivant en Italie.
Élodie, de son côté, trouve un emploi dans une structure locale, dans le domaine de la formation linguistique. Leur revenu familial brut annuel s’élève à 80.000 euro.
En restant en France, entre l’impôt sur le revenu, la CSG et la CRDS, le couple aurait payé environ 30.000 euro d’impôts par an: une charge fiscale importante, même bien répartie entre les deux revenus.
Mais avec le transfert en Italie et l’activation du Régime des impatriés, leur situation change radicalement:
Économie annuelle: environ 19.000 euro
Sur 5 ans: plus de 95.000 euro
Avec ces économies, Élodie et Marc réussissent à acheter un appartement à Bari, où les biens immobiliers en bord de mer restent très accessibles. Un T3 avec vue peut coûter entre 140.000 euro et 180.000 euro.
Autrement dit, près de la moitié de leur investissement immobilier est financée par l’économie fiscale.
Le Régime des impatriés n’est donc pas seulement une mesure fiscale: c’est une véritable opportunité de repenser l’équilibre entre revenus, qualité de vie et avenir familial.
Non, ce n’est pas obligatoire. Le Régime des impatriés s’applique à toute activité générant un revenu de travail en Italie.
La seule condition est que l’activité soit effectivement exercée en Italie et que les revenus soient imposables sur le territoire italien.
Non, le Régime des impatriés ne s’applique pas aux revenus de retraite.
Mais attention: il existe un autre régime fiscal dédié aux retraités étrangers, qui prévoit une imposition forfaitaire de 7% pendant 10 ans, à condition de s’installer dans une petite commune du sud de l’Italie (moins de 20.000 habitants).
Oui.
Non, il n’est pas nécessaire d’acheter un logement pour bénéficier du régime.
Un contrat de location régulier, enregistré auprès de l’Agenzia delle Entrate, suffit à justifier la résidence effective.
Oui, mais avec prudence. La règle clé est que l’activité soit exercée majoritairement en Italie, c’est-à-dire plus de 50% des jours ouvrés par an.
Si une personne vit de façon stable en Italie et travaille à distance pour une entreprise française, elle peut bénéficier du Régime des impatriés.
En revanche, si elle passe la majorité de son temps en France pour des raisons professionnelles, l’administration fiscale italienne peut révoquer le bénéfice.
S’installer en Italie aujourd’hui n’est pas seulement un choix de cœur, de soleil ou de cuisine.
C’est une décision stratégique et réfléchie, soutenue par l’un des régimes fiscaux les plus compétitifs d’Europe.